Fertilisation azotée
La méthode APPI-N pour piloter la fertilisation azotée du blé
Retour sur 4 années d'expérimentation
Principes de la méthode
La méthode APPI-N conçue par l’INRAE est une nouvelle méthode de raisonnement de la fertilisation azotée des blés tendres. Cette méthode consiste en un suivi régulier de l’état azoté de la culture sans prédéfinir un objectif de rendement et sans mesure de reliquat sortie hiver. Avec cette méthode, le niveau de nutrition azotée des plantes est suivi en dynamique avec l’aide d’une pince N-Tester®. Elle permet d’apporter l’azote au plus près des besoins de la culture et ainsi de limiter le risque de lixiviation des nitrates. Des carences en azote, en début de cycle, non préjudiciables pour le rendement, sont tolérées.
La dose d’azote finale apportée à la culture n’est connue qu’en fin de cycle. Seule l’évolution du niveau de nutrition azotée des plantes pilote les dates de fertilisation azotée, le nombre d’apports et la dose totale.
Retour sur 4 années d’essais
Depuis 2019, la Chambre d’agriculture de la Vienne a mis en place 11 essais pour tester la méthode APPI-N. Ces expérimentations sont principalement menées sur des aires d’alimentation de captage, dans le cadre des programmes Re-Sources. Sur ces essais, la méthode APPI-N est comparée à la méthode classique dite du bilan.
Le constat réalisé sur ces essais est que la méthode APPI-N préconise un décalage de la date du 1er apport d’azote. En moyenne, le premier apport d’azote est retardé de 20 jourspar rapport à la pratique de l’agriculteur. Elle permet également une réduction de la dose d’azote apportée r dans 8 essais sur 11. En moyenne la dose d’azote est réduite de 24 unités. Dans la moitié des essais, l’azote est apporté en 2 apports contre 3 apports avec la méthode du bilan.
Les rendements avec les deux méthodes sont souvent proches. Sur les 11 essais dans lesquels la méthode a été testée, seuls deux essais ont des rendements moins importants avec la méthode APPI-N. Les situations conduisant à ces échecs de la méthode ont été identifiées et font l’objet de recherches spécifiques pour adapter la méthode.
Les taux de protéines sont équivalents ou supérieurs avec la méthode APPI-N dans 5 essais sur 11.
La marge partielle (vente du blé - achat azote - coût du passage) est améliorée avec la méthode APPI-N dans 6 essais sur 11.
La réduction des doses d’azote et le décalage du 1er apport, qui entraine souvent une meilleure efficience de l’apport, permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à la fabrication des engrais et aux pertes d’azote par volatilisation. Ce type de méthode dynamique est d’ailleurs un des outils mis en avant dans le plan national de réduction des polluants atmosphériques qui fait l’objet d’un projet d’arrêté en cours de finalisation.
La méthode APPI-N montre des intérêts. Cependant, elle n’est testée que depuis cinq ans (quatre ans en Vienne) et elle est encore en cours de développement. Des essais sont encore nécessaires pour expliquer les difficultés rencontrées sur certains types de sol et pour la tester dans un plus grand nombre de contextes pédoclimatiques. Les résultats obtenus annuellement sont compilés à l’échelle nationale pour améliorer la méthode au cours du temps. Son utilisation sur d’autres cultures est également étudiée.
Résultats des essais 2023
Résultats des essais 2022
