Fertilité biologique des sols 1ère partie

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Action réalisée sur le périmètre Re-Sources de Choué Brossac

 

Depuis 2018, plusieurs tests ont été réalisés sur des parcelles situées dans l’Aire d’Alimentation du captage de Choué Brossac afin d’évaluer la fertilité biologique des sols.


1) Les travaux ont commencé en 2018 avec le test du « LevaBags ».

Des sachets en nylon contenant une quantité définie de paille ont été enterrés pendant 4 mois dans 4 parcelles de blé.

Une fois retirés, les sachets ont été envoyés au laboratoire de l’ESA d’Angers pour analyse.

Ce test permet d’estimer la vitesse de dégradation des résidus de culture.

Plus la dégradation est forte et plus l’activité biologique des sols est importante.

L’expérience a été reconduite en 2019 sur 10 parcelles.

 


2) En 2020, pour réduire les coûts et ainsi pouvoir augmenter le nombre de parcelles, ce ne sont pas des sachets en nylon qui ont été enterrés mais des slips.

Le principe est le même, une forte décomposition du slip démontre une activité biologique intense.

Pourquoi un slip plutôt qu’un autre tissu en coton ?

Des carrés en coton avaient été enterrés à côté des LevaBags mais, dans certaines parcelles, le niveau de dégradation du coton était trop important et il était difficile de retrouver les morceaux. Avec les slips, on retrouve au moins les élastiques !

 

Une fois le slip retiré, il s’agit ensuite de déterminer les raisons de son état de dégradation.

Un travail réduit du sol, ou encore des apports de matière organique favorisent l’activité des micro-organismes.

 

Un slip pas ou peu dégradé peut être le résultat de plusieurs facteurs :

  • hygromophie
  • pH acide
  • problèmes de structure liés aux outils de travail du sol, etc.

qui peuvent avoir eu un effet négatif sur l’activité des micro-organismes.


Les résultats de ces tests ont été présentés aux agriculteurs lors de 2 journées techniques.

Ces journées ont permis d’aborder plus largement le fonctionnement des sols et la gestion de leur fertilité.

 

Des fosses pédologiques ont été ouvertes sur certaines parcelles pour aller plus loin dans le diagnostic.

Les agriculteurs ont également pu observer au microscope la microfaune du sol.

 

Les résultats

 

 

 

 

Bleu : précèdent tournesol
Jaune : précèdent colza

 

Sur le graphique ci-dessus, on peut observer des niveaux de dégradation proches pour les 2 slips enterrés sur chaque parcelle, hormis sur 2 parcelles où les écarts sont plus importants. Cela montre que ce test présente une certaine fiabilité dans ses résultats.

Après 3 mois passés en terre, le niveau de dégradation des slips est très variable selon les parcelles. On observe des différences significatives entre les parcelles. Le pourcentage moyen de dégradation varie de 8% à 89%.

Chez un agriculteur où on avait mis en place un essai fertilisation, des slips ont été enterrés sur des micro-parcelles ayant reçu des doses d’azote différentes (0 unité, 190 unités et 220 unités). Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, c’est dans la parcelle qui n’a pas été fertilisée que la vie du sol était la plus faible. La vie biologique était la plus intense dans la parcelle qui a reçu un niveau de fertilisation correspondant à la méthode du bilan (190 unités).


Les parcelles 14 et 15 appartiennent au même agriculteur, les pratiques agricoles sont les mêmes sur ces 2 parcelles, seul le précédent diffère. Sur la parcelle en précédent tournesol, en moyenne les slips étaient dégradés à 23 % contre 60 % sur la parcelle en précédent colza. Nous n’avons pas assez de parcelles en précédent colza pour conclure sur l’effet du précédent mais dans ce cas, le colza semble être un précédent plus favorable à la vie du sol que le tournesol.





Le tableau dans la fiche jointe présente les « pratiques historiques » des agriculteurs sur chaque parcelle. On n’a pas pu établir de lien entre les pratiques (travail du sol, apport de MO, historique prairie) et le taux de dégradation des slips.

Retrouvez les tableaux des résultats ici

Conclusion

Les tests du slip ont montré des niveaux de vie biologique des sols sur le périmètre très variables.Il est difficile d’expliquer les résultats tant les mécanismes en jeux sont multiples et en interrelations.

En complément de ces tests, il serait intéressant de retourner sur les parcelles présentant des niveaux de dégradation des slips faibles pour réaliser des profils de sol et ainsi essayer de comprendre les raisons de cette faible activité biologique sur ces parcelles.


Les organismes vivants du sol jouent un rôle majeur dans la fertilité d’un sol et donc dans le développement des cultures.


Le tableau ci-dessous présente certaines pratiques permettant d’entretenir ou d’améliorer la fertilité biologique d’un sol.

Il faut plusieurs années pour constater une évolution car les interactions entre le climat, les cultures et le sol sont multiples.

Pourquoi s’intéresser à la fertilité biologique d’un sol ?

La fertilité biologique des sols peut être définie comme « l’aptitude des sols à apporter les éléments essentiels (azote, phosphore et potassium principalement) à la croissance des végétaux par l’action des organismes vivants ».

Les organismes vivants du sol peuvent être classés en plusieurs groupes :

  • la mégafaune comme les taupes, les crapauds et les serpents,
  • la macrofaune, visible à l’oeil nu (vers de terre, termites, fourmis, larves d'insectes),
  • la mésofaune, visible à la loupe (acariens, collemboles),
  •  la microfaune, et les microorganismes, visibles seulement au microscope (protozoaires, nématodes, bactéries, champignons, algues).

Les plus petits organismes sont les plus nombreux et les plus diversifiés : il existerait ainsi plus de 2 millions d’espèces de bactéries et de champignons dont seulement 1% aurait été identifié. Les vers de terre représentent quant à eux le groupe dont la biomasse est la plus importante et la diversité spécifique la mieux connue. Ces organismes vivants contribuent par leurs actions à la structuration du sol vers un profil favorable aux racines et donc aux plantes.

 

 

Dans une prairie permanente, la faune du sol représente jusqu’à 260 millions d’individus par m², correspondant au minimum à 1,5 t/ha et à une abondance moyenne de 200 vers de terre par m².

 


 

L’activité biologique assure au sol :

  • la porosité nécessaire à la régulation de l’eau et aux échanges gazeux sol /atmosphère,
  • la bio-disponibilité d’éléments fertilisants issus de la roche mère ou d’apports extérieurs,
  • l’humification de certaines matières organiques,
  • la fixation d’azote atmosphérique,
  • la régulation naturelle des ennemis des cultures.

 


 

La qualité physique et chimique du sol est donc dépendante de l’action des organismes vivants.

Toutes les interventions qui visent à améliorer les conditions de vie de la biomasse active du sol contribuent à sa fertilité. Par exemple, l’apport d’un amendement destiné à neutraliser l’acidité du sol permet de créer (ou maintenir) des conditions de milieu favorables à la faune du sol et ainsi de contribuer au renforcement de la fertilité globale.

Dans ces processus biologiques, la matière organique est essentielle. Source de carbone et d’énergie, elle est le moteur de l’activité biologique, elle assure aussi la résistance des sols aux aléas climatiques, aux contraintes physiques (pratiques culturales, pâturage…), enfin elle assure une partie de l’alimentation des plantes. La fertilité d’un sol repose donc sur ces propriétés physiques, chimiques et biologiques. Les interactions entre ces différentes propriétés donnent au sol sa capacité à nourrir les plantes.

 



Sources documentaires :
hautsdefrance.chambre-agriculture.fr/articles/detail-de-lactualite/actualites/fertilite-biologique-des-solssol-
vivant/
www.chambres-agriculture-bretagne.fr/ca1/PJ.nsf/TECHPJPARCLEF/25973/$File/Sols-vivants-solsfertiles2013-
03-01.pdf?OpenElement
www.forumphyto.fr/wp-content/uploads/2013/01/1212UnifaActiviteBiologiqueSols.pdf
librairie.ademe.fr/produire-autrement/3564-vie-cachee-des-sols-la-9782111280359.html