Couvert en interculture longue

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Synthèse d’essai réalisé sur le périmètre Re-Sources de Bellevue

L’implantation d’intercultures longues est aujourd’hui largement répandue mais on observe encore des réticences chez certains agriculteurs.

Ces freins sont d’ordres techniques :

  • difficultés à réussir les couverts,
  • reprise des terres plus difficiles au printemps
  • gestion des adventices pendant l’inter-culture
  • dégâts de ravageurs (limaces)

 

Ils peuvent également être économiques (difficultés pour voir le retour sur investissement) et sociaux (charge de travail supplémentaire).


Dans les zones de captage d’eau potable, les couverts sont cependant un des leviers de la préservation de la qualité de l’eau : en termes de lixiviation des nitrates mais aussi plus largement pour la santé des sols.


Les objectifs de cet essai étaient de tester différentes associations d’espèces afin d’évaluer leur capacité à :

  • lever et se développer en conditions difficiles,
  • piéger l’azote du sol et restituer de l’azote à la culture suivante,
  • produire de la biomasse en vue notamment d’une valorisation en pâture ou fauche.

Description de l’essai

L’essai a été mis en place sur une parcelle de l’EARL du Grand Lizac sur la commune de Savigné.

Les 4 mélanges ont été semés le 7 août 2019 avec un semoir à disques combiné à une herse rotative après un passage de déchaumeur à dents.
Il s’agit d’une Terre Rouge à Châtaigniers profonde ayant des problèmes de compactage.


Le précédent était un blé tendre d’hiver qui était lui-même précédé d’un colza.

Le blé tendre a réalisé un rendement de 90 q/ha et avait reçu les apports d’azote suivants :

 

Différentes mesures ont été effectuées

MERCI = Méthode d’Estimation et Restitution des Cultures Intermédiaires

Méthode permettant d’estimer au champ la matière sèche produite en tonnes par hectare, la quantité d’azote stockée dans le couvert et les restitutions potentielles à la culture suivante.

Mélanges choisis

Différents mélanges ont été testés dans l’essai.

Les espèces choisies étaient adaptées à une date de semis précoce et à une production rapide de biomasse en été.

Des légumineuses étaient présentes dans tous les mélanges pour leur capacité à restituer de l’azote à la parcelle.

Les mélanges étaient composés de différentes familles d’espèces pour bénéficier d’une complémentarité dans les systèmes racinaires et ainsi avoir un effet structurant pour le sol.

Résultats des pesées MERCI

PROFIL NEW

Le couvert PROFIL NEW est aussi bien adapté à des intercultures courtes que longues.

Avec pourtant moins d’espèces que le couvert MIX STAR, ce couvert a produit une biomasse intéressante.

Dans les conditions sèches de cette année, on a pu observer que la phacélie a largement pris le dessus sur les légumineuses réduisant ainsi le potentiel de restitution d’azote pour la culture suivante.

On observe aussi une nette augmentation du potentiel de restitution de l’azote entre la pesée de décembre et celle de janvier.
Le trèfle d’Alexandrie Tabor est un trèfle monocoupe, qui gèle plus facilement en hiver et ne repart pas au printemps contrairement à d’autres variétés dites « multicoupe ».

 

CHLOROFILTRE MIX STAR

Avec 5 espèces, le mélange MIX STAR est le couvert qui a produit le plus de biomasse.

De plus, les chiffres indiqués ne prennent pas en compte toute la biomasse racinaire.

Le radis Daikon produit en effet une importante biomasse dans le sol permettant ainsi d’améliorer la structure du sol.

Néanmoins, tout comme le précédent mélange, les légumineuses ont été étouffées par les autres espèces.

CHLOROFILTRE VALO

En apparence, ce mélange produit peu de biomasse, on observe pourtant une restitution potentielle d’azote importante grâce aux vesces et au trèfle.

Si nous avions refait une pesée au début du printemps, nous aurions eu une biomasse beaucoup plus importante.

Ce mélange semble intéressant à valoriser en pâturage ou en fauche. Attention néanmoins à l’implantation, on a pu observer d’importantes repousses de colza.

MÉLANGE CRÉÉ

Ce mélange ne comportait que 2 espèces, la restitution potentielle en azote est pourtant intéressante.

Le trèfle d’Alexandrie Alex est un trèfle annuel multicoupe, il n’a pas gelé cette année et a donc pu se développer sans concurrence.

Cela a été permis par la disparition du sorgho suite aux gelées de l’automne.

Ce couvert est à implanter le plus tôt possible après la moisson pour permettre le développement d’une biomasse importante avant les premières gelées.

Le sorgho peut être pâturé dès qu’il atteint 40 cm de haut.

Les conditions climatiques de l’année et la date de semis n’ont pas permis cette année un développement très important du couvert dans l’été.

 

Quantités d’azote absorbées

 Les pesées MERCI permettent également d’évaluer les quantités d’azote absorbées par le couvert, et donc le bénéfice pour la qualité de l’eau.

 On remarque des différences entre les espèces, à la fois sur le niveau d’absorption de l’azote, mais également sur l’évolution dans le temps.

Certaines espèces ont continué de pousser, donc d’absorber de l’azote au cours de l’hiver (phacélie, avoine, seigle), alors que d’autres stoppent plus précocement (sorgho, qui a disparu suite aux gelées d’automne).

L’hiver ayant été plutôt doux, les espèces plus résistantes au gel ont continué leur développement sans marquer d’arrêt de végétation

Résultats des analyses de reliquats

RELIQUATS POST-RÉCOLTE

Prélèvement le 31/07/2019 (au milieu de l’essai)

RELIQUATS ENTRÉE HIVER

Prélèvement le 04/11/2019

 

 

Le reliquat entrée hiver est plus faible que le reliquat post-récolte pour l’ensemble des mélanges, alors qu’il y a eu de la minéralisation entre temps, d’autant plus que l’hiver était doux cette année.

Cela signifie que les couverts ont joué leur rôle de pièges à nitrates (même si il a pu également y avoir des pertes de nitrates vers la nappe).

On ne note pas de différence significative entre les mélanges à ce stade.

 

RELIQUATS SORTIE HIVER

Prélèvement le 28/01/2020

 

Malgré un développement correct des couverts et une forte pluviométrie cet hiver, on a des reliquats compris entre 24 et 35.

L’absence de froid pendant l’hiver a certainement permis que la minéralisation se poursuive pendant l’hiver.

Destruction des couverts

Les pesées fin janvier ont montré l’intérêt de laisser les couverts en place le plus tard possible pour augmenter les restitutions potentielles en azote à la culture suivante.

L’essai a été détruit le 6 février 2020 lors d’une démonstration de matériels de destruction des couverts. L’agriculteur a quant à lui broyé ses couverts début mars ce qui a permis des restitutions en azote plus élevées.

La parcelle a ensuite été labourée fin mars après un épandage de fumier mi-mars.

La démonstration a permis de tester plusieurs outils (déchaumeur à disques, déchaumeur à dents, rouleau, charrue déchaumeuse) en fonctionnement.

En revanche, l’état d’humidité du sol du jour n’a pas facilité un réglage approprié des outils pour réaliser un travail de destruction mécanique optimal.

Dans ces conditions difficiles, les différents outils ont travaillé l’horizon de surface, hormis la charrue déchaumeuse qui a travaillé plus en profondeur.


Seule la solution associant un rouleau à couteaux en attelage frontal, et un cultivateur à dents avec socs larges (TREFLER) a permis de déchausser suffisamment les plantes pour assurer une destruction efficace du couvert en place et éviter une intervention chimique.

 

 

CONCLUSION

Les couverts se sont correctement développés et ont pu grâce à la complémentarité des espèces implantées jouer leur rôle sur la structure du sol.

Malheureusement l’hiver et le printemps très humides n’ont pas permis une destruction des couverts dans de bonnes conditions et l’épandage du fumier réalisé sur des sols non suffisamment ressuyés a anéantit l’effet des couverts.


Les mesures réalisées avec la méthode MERCI nous montrent l’intérêt de retarder la destruction des couverts pour avoir un meilleur potentiel de restitution d’azote à la culture suivante, puisque les pesées faites plus tard donnent des valeurs plus importantes à la fois pour la biomasse et pour le potentiel de restitution.

Les quatre mélanges se sont correctement développés dans l’essai alors qu’il s’agissait d’une campagne culturale difficile.

Cela confirme que semer les couverts le plus tôt possible et associer différentes espèces permet généralement d’augmenter les chances de réussir la levée et d’obtenir une biomasse relativement importante.

Certains couverts auraient pu être valorisés en pâturage.

 

Démonstration de destruction de couverts végétaux - VIDEO