Suivi des auxiliaires

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La lutte biologique par conservation et gestion des habitats

Actuellement, les seuils d’intervention relatifs à la décision d’appliquer un insecticide reposent uniquement sur l’observation des ravageurs en culture sans prendre en compte l’observation des auxiliaires, ennemis naturels des ravageurs.

Or, il a été prouvé que les auxiliaires peuvent jouer un rôle non négligeable dans la régulation de ces derniers.

La méthode de lutte par conservation et gestion des habitats consiste d’un côté à favoriser la présence d’auxiliaires dans le paysage et de l’autre à défavoriser les ravageurs.

 

L’application de cette méthode se traduit par l’implantation et/ou l’entretien de structures paysagères telles que les haies, les bords de champs, les bandes enherbées, les bois et bosquets, les mares… et par une modification des pratiques agricoles (utilisation de plantes compagnes, de couverts, diversification de l’assolement dans le temps et l’espace, diminution des interventions phytosanitaires, diminution du travail du sol…).

L’objectif est d’assurer la présence d’auxiliaires et de leur fournir toutes les conditions  favorables à leur maintien dans le paysage et surtout dans la parcelle pour qu’ils puissent exercer leur rôle de régulation des ravageurs de manière efficace.

 

Il faut noter que la capacité de colonisation des parcelles par les ravageurs est largement supérieure à celle des auxiliaires.

Il est à noter également que 90% des auxiliaires ne peuvent pas effectuer l’ensemble de leur cycle de vie uniquement en parcelle agricole, ils ont donc besoin d’aménagements paysagers à proximité des parcelles.

 

Sur les périmètres Re-Sources de Fontaine du Son, La Jallière et Choué-Brossac

Les populations d’auxiliaires ont été suivies pendant 5 semaines, du 20/05/2020 au 24/06/2020, sur 6 parcelles :

  • 2 parcelles en vigne sur le territoire de La Fontaine du Son,
  • 2 parcelles en grandes cultures sur le territoire de La Jallière,
  • 2 parcelles en grandes culture sur le territoire de Choué-Brossac.

 


Les auxiliaires recherchés dans ce type de piège sont principalement :

  • les syrphes, petites mouches jaunes et noires, mimétiques des guêpes et abeilles, dont les larves se nourrissent de différentes espèces de pucerons principalement mais aussi d’autres ravageurs,
  • les coccinelles, qui sont, de même que leurs larves, de redoutables prédatrices de plusieurs ravageurs, particulièrement les pucerons,
  • les chrysopes, insecte vert aux grandes ailes membraneuses, dont les larves sont également des prédateurs de pucerons ainsi que d’autres ravageurs,
  • les carabes, coléoptères du sol qui se nourrissent d’œufs et de larves de limaces et autres ravageurs, ainsi que des graines d’adventices pour certains,
  • les staphylins, un autre coléoptère du sol, qui sont, de même que leurs larves, des prédateurs généralistes (ils consomment des limaces, chenilles, pucerons,…),
  • les araignées et les opilions, qui consomment également de nombreux ravageurs.

Description du dispositif


Afin d’observer les auxiliaires, des pièges ont été posés dans 2 parcelles sur chacun des territoires, en grandes cultures et en vigne.

Les pièges ont été posés fin mai et relevés 1 fois par semaine pendant 1 mois.

 

Les pièges posés sont les suivants :

-    Piège Barber  : ce piège permet d’observer les auxiliaires vivant à la surface du sol (carabes, staphylins, araignées, opilions). C’est un piège dit d’interception car il n’exerce pas d’attirance particulière sur les insectes.

 


 
-    Cuvette jaune  : ce piège permet d’observer les auxiliaires volants (syrphes, coccinelles, chrysopes, divers pollinisateurs…). C’est un piège dit attractif car la couleur jaune attire de nombreux insectes.

 

3 pièges Barber ont été posés par parcelle, disposés en triangle et distant de chacun 10 m.

Une cuvette jaune a été placée à 10 m des pots Barber.

 

Enfin, l’ensemble du dispositif était à plus de 10 m du bord de champ

Sur vigne, l’ensemble des pièges a été posé sur un rang.

 

Auxiliaires observés

Au cours des 4 semaines de piégeage, nous avons pu observer de nombreux auxiliaires dont voici une description ci-dessous.
Dans les pots Barbers, nous avons observé beaucoup d’araignées et de carabes, mais également des staphylins et des opilions.
Au total, sur les 2 parcelles observées et les 4 relevés, nous avons trouvé 306 araignées.

Les araignées sont des auxiliaires généralistes, c’est-à-dire que leur régime alimentaire, composé principalement d’insectes ou encore d’arthropodes, est très varié.

Ce sont des prédateurs occupant tous les milieux. Les araignées tisseuses sont efficaces dans la régulation des ravageurs volants (mouches, papillons, cécidomyies…) tandis que celles chassant au sol peuvent notamment consommer les ravageurs se laissant tomber au sol pour se nymphoser (altises, méligèthes, charançons…).

Leur présence toute l’année et leur régime alimentaire très varié permettent une action précoce et efficace sur les ravageurs.


Afin de favoriser les araignées, il faut un paysage varié composé de haies, de bandes enherbées à proximité des parcelles, limiter le travail du sol et l’usage de produits phytosanitaires à large spectre

 

Les carabes sont des auxiliaires généralistes vivant principalement au niveau du sol. 90% des larves sont carnivores. Elles consomment des jeunes limaces, des taupins, des noctuelles, des charançons, des chrysomèles… 80% des adultes sont  des prédateurs généralistes. Ils peuvent, selon leur taille et les opportunités, consommer des limaces (œufs et adultes), des escargots, des charançons, des cécidomyies, des chenilles, des pucerons… Certaines espèces sont même granivores et peuvent donc jouer un rôle dans la régulation des adventices.

Quand le sol n’est pas labouré, l’adulte hiverne directement dans le sol, sous les cultures.

Sinon, ils migrent vers les bordures de champ. Ainsi, les carabes sont favorisés par la présence d’éléments semi-naturels en bord de champ (bande herbeuse, haie, talus), la présence de litière au sol. Ils sont perturbés par les labours, les insecticides, les anti-limaces et les herbicides.

 

 

 

Dans les cuvettes jaunes, nous avons principalement observé des syrphes mais aussi des coccinelles et divers pollinisateurs.

Les syrphes sont des auxiliaires spécialistes des pucerons. Les adultes sont pollinisateurs. Ils consomment du pollen, du nectar et du miellat. Les larves sont prédatrices et consomment généralement des pucerons.

Les larves peuvent consommer 250 à plus de 1 000 pucerons au cours de leur développement d’une à trois semaines.

Une femelle peut pondre entre 2 000 et 4 500 œufs.
Afin de favoriser les syrphes, il est nécessaire de fournir aux adultes des ressources florales diversifiées dont la floraison est étalée dans le temps.

Les haies sont également favorables. Elles servent d’abri, de site refuge, de site d’alimentation.

Les syrphes apprécient également les bandes fleuries composées  notamment d’ombellifères.

De manière générale, les syrphes sont favorisés par un paysage complexe.

 

Les coccinelles sont des auxiliaires spécialistes consommant beaucoup de pucerons.

Elles consomment également des psylles, des acariens, des thrips…

Les coccinelles adultes consomment à la fois des pucerons et du pollen. Les larves sont des grandes prédatrices dont le régime alimentaire est à base de pucerons.

Certaines espèces consomment même des champignons (oïdium, rouille). Une seule femelle coccinelle peut être à l’origine de la consommation d’environ 300 000 pucerons et autres proies.


Les coccinelles apprécient particulièrement se réfugier dans les haies champêtres ou fleuries ou dans les zones en friches avec des orties et des fabacées.

Les bords de champ et pieds de haies servent de site d’hivernage aux coccinelles. Ainsi, il est préférable de repousser leur entretien au début du printemps.

 

Conclusion

Les auxiliaires en culture sont nombreux et diversifiés.

Leur action est complémentaire.

Les généralistes, présents toute l’année et au régime alimentaire varié, permettent de contrôler les populations de ravageurs dès leur arrivée en parcelle. Même s’ils ne permettent pas d’enrayer des pullulations, leur action est primordiale pour conserver les populations de ravageurs à un niveau acceptable.

Les spécialistes ont une activité plus spécifique sur certains ravageurs, leur présence est, en partie, conditionnée à celle du ravageur. Lorsqu’ils sont présents en parcelle, ils permettent de réguler les populations de ravageurs et même d’enrayer leur pullulation. Leur action peut permettre le maintien des populations de ravageurs en dessous des seuils de nuisibilité.


Favoriser les populations auxiliaires passe par l’organisation d’un paysage diversifié, tant au niveau des cultures qu’au niveau des éléments semi-naturels. Il est essentiel que ces derniers soient à proximité des champs et disposés en réseau pour permettre le déplacement des auxiliaires et pour qu’ils puissent rapidement coloniser les parcelles à partir de ces zones refuges.

Mais la présence d’éléments semi-naturels dans le paysage ne suffit pas. Il faut également que la parcelle présente des conditions d’accueil favorables aux auxiliaires : réduction du travail du sol, réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires, litière au sol ou couvert pendant l’interculture…

 

L’environnement et la biodiversité sont des éléments indissociables de l’activité agricole. Qu’ils pratiquent l’agriculture biologique ou conventionnelle, les agriculteurs font automatiquement face, particulièrement à certaines périodes de l’année, à la problématique des insectes ravageurs, impactant négativement leur production.

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