Vous êtes ici : Accueil > Actualités > Toutes les actualités > Alternative à la paille : le miscanthus

Alternative à la paille : le miscanthus

Accéder aux flux rss de notre siteImprimer la page

Le 14 mars dernier, des éleveurs membres du « GIEE Changement climatique en élevage Bovin Viande » se sont rendus chez Matthieu Jolly, éleveur caprin à Dienné, afin de découvrir une possible alternative à la paille : le miscanthus.

 

 

 

Le miscanthus est une plante pérenne et rustique, utilisée par monsieur Jolly depuis 7 ans. Dans un premier temps, il l’achetait à l’extérieur mais depuis 3 ans, il a décidé de le produite et en a ainsi implanté 16 ha. Aujourd’hui, il l’utilise régulièrement comme litière et, au fur et à mesure des années et de ses expériences, il a pu se faire une opinion sur l’usage du miscanthus dans son élevage. C’est ce riche témoignage qui a alimenté la visite du 14 mars.

La visite a commencé par l’observation d’une des parcelles de miscanthus de Monsieur Jolly. Grâce au froid, la plante était en train de sécher c’est-à-dire que la sève descendait. Les feuilles, elles,  étaient tombées par terre recouvrant l’intégralité du sol.  Lorsqu’il ne restera plus que 15%- 17% d’humidité dans la tige, la récolte pourra démarrer (d’avril à juin en fonction des conditions météorologiques). Elle se fait avec une ensileuse classique équipée de becs rotatifs kemper.

La plantation du miscanthus s’effectue en avril-mai. Les rhizomes implantés sont sélectionnés afin de supprimer le côté invasif de la plante. Il faut mieux privilégier les sols profonds, peu caillouteux. Sur la première année, Monsieur Jolly exprime la nécessité de soigner le travail du sol et de surveiller les adventices, pour garantir des conditions optimales d’implantation puis de pousse. Une fois cette année stratégique passée, le miscanthus demande peu d’entretien et pas de fertilisation, grâce aux feuilles qui tombent chaque automne apportant de l’humus et étouffant les mauvaises herbes. Sur la première récolte (2ème année d’implantation), l’éleveur avait récolté 4.5 TMS à l’hectare. Cette année (2ème récolte), les pieds font déjà 50 cm de diamètre et 2 m de hauteur en moyenne, il pense atteindre 6 TMS à l’hectare. A son plein potentiel, les diamètres iront jusqu’à 80 cm de large et la hauteur pourrait atteindre 3 m. Cela permettra d’espérer 12TMS de rendement voire plus.

La suite de la journée s’est déroulée sur le siège de l’exploitation, dans le bâtiment dédié au stockage. Au cours des 7 ans d’utilisation, Monsieur Jolly a pu apprécier deux formes de coupe : une de 40 mm et une autre dite broyée de 28/32 mm. Sans équivoque, pour lui, la forme « broyée » n’est pas la plus adaptée dans son système car beaucoup trop poussiéreux. Les chèvres étant très sensibles, il a malheureusement pu très vite le constater. De plus, cette coupe limiterait le pouvoir absorbant du miscanthus (estimé à deux fois plus que de la paille).

 

    

Broyé à 28/32                                                                    Coupé à 40

 

 

Monsieur JOLLY l’utilise en pure, il constate que les animaux l’apprécient davantage car il chauffe peu (maximum observé 26°C) et ne colle pas aux mamelles. Le fumier de caprin étant plus sec, la couche de miscanthus n’a pas besoin d’être brassé. Il en rajoute un peu tous les jours, le curage peu attendre 2 – 3 mois. Le miscanthus est très facile curer, cela permet de gagner du temps et limiter l’usure du matériel. Pour la distribution, l’éleveur a fait le choix d’investir dans un godet pailleur mais le miscanthus s’adapterait également sur le matériel utilisé avec de la paille.

Il faut tout de même savoir que la densité du miscanthus est très faible, cela a un impact lors de la récolte puisqu’il prendra beaucoup plus de volume dans les bennes. Cela doit aussi être anticipé dans la capacité de stockage du bâtiment, le vrac étant le conditionnement le plus intéressant.

En conclusion de ces échanges, Monsieur Jolly  affirme ne pas regretter d’avoir investi dans cette alternative à la paille malgré le coût d’implantation (entre 2500 et 3500 de l’hectare). Heureusement, comme la durée de vie de la plante est estimée à 20 ans, tout en gardant un rendement intéressant, l’achat des rhizomes est amorti sur plusieurs années.  

A l’avenir, il projette même d’agrandir sa surface.