Vous êtes ici : Accueil > Actualités > Toutes les actualités > [DOSSIER] Loup dans la Vienne : tous unis sous la même bannière

[DOSSIER] Loup dans la Vienne : tous unis sous la même bannière

Accéder aux flux rss de notre siteImprimer la page

Découvrez notre dossier complet concernant l'arrivée du loup dans la Vienne !

 

 

 

 

INTRODUCTION

Le syndicat « Alliance pastorale » a été créé en 1933 après la disparition du dernier loup en Vienne. L’objectif était d’aider les éleveurs à développer l’élevage ovin de plein air. Cette méthode d’élevage, très répandue en France, correspond aujourd’hui à la demande sociétale.

Avec le retour du loup en Vienne, les représentants de la filière ovine ont décidé de se réunir, sous cette bannière, pour aider les éleveurs à trouver des réponses à cette problématique et éviter une nouvelle hémorragie dans les effectifs ovins. La première concrétisation de ce travail a été l’organisation d’une réunion à destination de tous les agriculteurs du département pour les informer de la situation et commencer à répondre à leurs premières questions. Cette première action, sous la présidence des 4 syndicats agricoles et de la Chambre d’agriculture, a permis de réunir une cinquantaine d’éleveurs, forcément inquiets face à cette nouvelle menace.

PRESENTATION/INTERVENTION DE L’OFB ET DE LA DDT

Stéphane Baillargeat, pour le compte de l’OFB (Office français de la biodiversité) a présenté l’espèce et son évolution sur le territoire français, avec :

Mode de vie

Le loup est une espèce très ubiquiste capable de vivre dans des biotopes très variés : forêts, plaine, zones péri urbaines, haute montagne, …). Le loup vit classiquement en meute sur un territoire exclusif de 150 à 350 Km2.

Dans le cadre de la dispersion, certains individus peuvent vivre durablement de manière solitaire.

A l’hiver 2022, l’estimation de la population du loup en France était estimée à un peu moins de 1 000 individus.

Les caractéristiques morphologiques du loup

Les différences avec certaines races de chien

Certaines races de chien ont été crées en utilisant de la génétique lupine (chien tchèque, chien de Sarloos). Dans ce cas, il est difficile pour un œil non averti de faire la différence avec un loup.

Le front de colonisation

A ce jour, le loup a colonisé environ 50% du territoire national à l’est de ligne partant de l’Alsace jusqu’au Pyrénées atlantiques. Des présences épisodiques ont été validées en Normandie, Bretagne, Vendée et Vienne notamment.

Pour ce qui est de la Nouvelle Aquitaine, 2 zones de présence permanente non meute sont recensées avec un loup installé depuis 5 ans dans le Béarn et un autre présent sur le Plateau des Millevaches depuis 2021. Ce loup a fait l’objet d’une autorisation de tir par le Préfet de Haute-Vienne et vient d’être abattu.

Mode de dispersion

Le loup vit en meute composée en Europe par les membres d’une même famille. Les meutes sont composées de 6 à 8 animaux.
A l’automne, les jeunes de l’année précédente quittent la meute. Les femelles parcourent peu de distances et restent le plus souvent dans la zone de leur naissance. Par contre, les mâles sont capables de chercher un nouveau territoire relativement loin ce qui explique que la plupart des animaux recensés en dehors de la zone déjà colonisée sont des mâles. Les animaux vont se déplacer jusqu’à trouver un territoire adapté (quiétude et alimentation).

Les loups en dispersion sont capables de faire de très longs déplacements sur une courte période mais aussi pour changer de territoire. Pour ces déplacements, ils utilisent les voies de communication humaines.

Statut du loup

Le loup est une espèce protégée au titre de la convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel en Europe de 1979. Une dérogation a été obtenue par la France pour permettre de tuer quelques animaux tous les ans (19% de la population estimée). Cela représente 174 animaux annuellement qui peuvent être abattus. Cela passe par une autorisation préfectorale.

Les tirs de protection

Le tir de protection est possible dans le cadre d’un protocole strict. Cela passe par tous les préalables suivants :

  • Intérêt à agir (prévention des dommages important à l’élevage)
  • Aucune autre solution satisfaisante (après avoir mis en place l’arsenal de mesures de protection
  • Sans nuire à l’état de conservation favorable de l’espèce (dans la limite préconisée par modélisation).

Il faut une identification formelle de la cible et seul des louvetier et agent de l’OFB sont habilités.

Les tirs de protection sont réalisés depuis des années dans l’arc alpin et cela n’a pas empêché le développement de la population lupine. Le principal intérêt est de supprimer les animaux qui ont pris l’habitude de s’attaquer prioritairement aux animaux domestiques.


Gaëlle Dordain, pour le compte de la DDT, fait le point pour le département de la Vienne. A ce jour :

2 observations validées d’un loup en 2021.

Découverte d’un cadavre d’un loup en mars 2021 sur la commune de Lathus Saint Rémy. L’animal a été tué suite à une collision avec un train.
Un animal filmé en novembre 2021 sur la commune de Marçay

5 attaques sur des cheptels vins sur les mois de mars et avril 2023

Les attaques ont eu lieu sur les communes de Bouresse, Gouex, Availles Limouzine, Millac et La Trimouille. Suite aux constats réalisés par l’OFB, ces attaques ont été classées « loup non exclu ». Cela veut dire que les ovins portent les stigmates d’une attaque de loup, mais que l’animal n’a pas été identifié par une observation visuelle, photo ou analyse génétique. Ce classement permet l’indemnisation des éleveurs et la constitution des dossiers est en cours.

D’autres attaques ont peut-être eu lieu mais n’ont pas fait l’objet d’un signalement.

Classement des communes

Suite à l’arrêté préfectoral pris en Haute Vienne avec la mise en place des différents cercles, le Préfet de la Vienne avait classé tout le département de la Vienne en cercle 3. Suite aux attaques de ce printemps, un nouvel arrêté a été pris qui classe 30 communes en cercle 2. (carte jointe en annexe).

Aides accessibles

Avec l’instauration des cercles, les éleveurs de la Vienne peuvent avoir accès à certaines aides

Pour aider les agriculteurs deux types d’aides : sont mis en place :

  • Un crédit d’urgence pour répondre rapidement à une situation de crise
  • Un dispositif de protection des troupeaux contre la prédation, évolutif en fonction des cercles dans lequel se trouvent le département et la commune. ATTENTION, ce dispositif ne concerne que les ovins et caprins et il n’est possible qu’une seule demande par an.

Indemnisation des dommages

L’indemnisation des dommages est possible dans 2 cas :

  • la mort est consécutive à une prédation : indemnisation si on ne peut pas exclure la responsabilité du loup
  • il n’est pas possible de conclure à l’origine du dommage mais que le contexte local oriente vers une forte pression de prédation

 

Dans le cas où la mort n’est pas consécutive à une prédation, il n’y a pas d’indemnisation.

Les indemnisations des dommages sont basées sur des barèmes nationaux :

  • Par catégorie (ovins/bovins/caprins/équidés/canidés)
  • Par destination (laitier/fromager/viande/reproducteur)
  • Par sexe et âge

 

Il y a trois types de pertes :

  • Pertes directes (animaux mort/disparus)
  • Pertes indirectes et intervention vétérinaire
  • Pertes matérielles

Conduite à tenir à cas d’attaque du troupeau

Appeler au 05 49 03 13 39. Le délai maximum pour appeler est de 72h00, mails il est impératif d’appeler le plus vite possible.

Eviter de souiller la zone (éviter de marcher, ne pas amener de chien)

Ne pas déplacer les cadavres

En cas d’intervention du vétérinaire pour les animaux blessés, l’informer qu’un constat pour prédation doit être réalisé.

Protéger le ou les cadavres pour éviter le charognage (grillage + couvrir avec les bâches et des pierres)

L’OFB a 48 heures pour venir faire le constat. Dans l’état actuel, les constations sont faites le jour-même ou dans les 24h00 qui suivent le signalement

Plus le constat est fait rapidement, plus les éléments d’analyse sont « de qualité ». En cas d’une prédation par un loup, cela permet de s’assurer d’être éligible à une indemnisation.

La protection des troupeaux

L’objectif est de rendre les troupeaux moins vulnérables, en diminuant la facilité d’accès aux troupeaux, en déstabilisant le prédateur ou encore en le dissuadant d’attaquer.

La mise en place de moyens de protection est indispensable pour pouvoir éventuellement obtenir l’autorisation de tir.

La protection n’est pas un moyen infaillible de se prémunir contre d’éventuelles attaques mais cela participe à diminuer les risques. A ce jour, aucun moyen de protection n’assure un résultat à 100%.

Les chiens de protection

La mise en place de chiens n’est pas une opération anodine et doit se préparer. Dans ce cadre-là, la Chambre d’agriculture et l’ADEV, en partenariat avec l‘Idele vont proposer des formations. La première session aura lieu les 2 et 27 octobre prochains.

Les objectifs sont les suivants :

  • Comprendre le rôle et les comportements attendus d’un chien de protection
  • Bien choisir son chien de protection et de réussir son introduction dans le troupeau
  • Gérer son ou ses chiens de protection au quotidien
  • Apprécier la qualité d'un chien de protection

 

Conseil important : Il ne faut pas sous-estimer l’importance du choix du chiot et encore moins son éducation. Un chien mal dressé peut faire plus de dégâts que le loup !
Le formateur alerte les participants sur les difficultés de bien choisir son chien. C’est un compagnon pour les dix prochaines années. On ne choisit pas un chiot sur internet Il faut observer son comportement, mais aussi celui des parents, leurs aptitudes au travail, le pédigrée. On choisit la race en fonction des spécificités géographique (plaine ou zone de montagne). Certaines races sont plus adaptées au contexte de la Vienne que d’autres.
L’introduction du chiot dans le troupeau est un moment important pour la réussite dans son rôle de gardien. Cela nécessite beaucoup de temps de présence pour l’éleveur

Le réseau des correspondants

Pendant 2 jours au mois de mars dernier, une trentaine de personnes ont été formées pour devenir correspondants loup. Leur mission est de :

  • Recueillir les renseignements et indices
  • Renseigner la fiche indice correspondante
  • Transmettre à l’OFB

 

Attention, pour les dommages sur domestiques, seuls les agents de l’OFB sont habilités à intervenir.

Ce réseau est constitué de personnes issues d’un panel relativement large avec des représentants :

  • De l’administration et de l’Etat (DDT, OFB, Gendarmerie nationale)
  • Du monde agricole (Chambre d’agriculture, GDS, Confédération paysanne, Coordination rurale, FNSEA et JA)
  • Des associations de protection de la nature (Vienne nature et LPO)
  • Du monde le chasse et de la pêche (Fédération des chasseurs, lieutenants de louveterie et Fédération de la pêche)
  • Du monde de la forêt (ONF, CNPF et Alliance Bois)
  • Des espaces naturels (Conservatoire des Espaces naturels Nouvelle-Aquitaine et Parc naturel régional de Millevaches en Limousin)
  • Des collectivités (Communauté de communes Vienne et Gartempe)
  • De l’enseignement agricole (Lepa de Montmorillon)


Ce qu’il faut retenir des échanges avec la salle

Un sentiment de lassitude des éleveurs confrontés à un énième problème.

Dans un secteur avec un nombre de lots élevés par exploitation et la présence déjà généralisée de clôtures, il pârait difficile, voire impossible de mettre en place des mesures de protection supplémentaires.

La mise en place de chiens de protection apparait difficile et plus adaptée aux zones d’alpage.

La problématique en Vienne est forcément différente de l’arc alpin avec des méthodes d’élevage très différentes. Il est indispensable que la problématique des zones de plaine soit bien intégrée dans le prochain PNA.